Une partie des gens étaient à la messe, l’autre faisait la queue devant la boucherie et au milieu coulaient des flaques d’eau.




N’allez pas croire qu’ils arrivent tous en soucoupe volante une nuit sans lune et qu’ils laissent une trace ronde sur le sable avant de repartir.
Non. Certains arrivent par là
On ne se méfie jamais assez de ces tuyaux gentiment colorés, parfois on entend un gloup qui fait sourire alors qu’on ne devrait pas. Sourire.
Une bulle en sort qui va prendre forme et consistance pendant que vous regardez ailleurs et on finit par obtenir ça
Le genre qui vous tend une friandise en gardant caché dans son dos le maillet pour vous abattre.
On en a eu un l’autre jour, venu pour signer un livre avec des fautes d’orthograves et des citations tirées du forum des lecteurs de Babelio.
Des tas de gens sont accourus pour écouter le beau discours sur le port
Pendant que d’autres faisaient du bruit grâce à la camionnette de ramassage des encombrants sonorisée au maximum. Des trucs sympas style « A Bella ciao », « Compagnero » et même notre « Diu Salvi Regina » que c’était même trop beau pour lui mais l’essentiel, c’est qu’il n’ait pas pu finir son discours et qu’il n’a pas pu se rendre à pied à la librairie pour les signatures vu qu’il était cerné par la fumée rose (on n’a pas trouvé en brun) des fumigènes qui fait tousser. Bref on l’a exfiltré en voiture pendant que le contenu de huit cars de CRS disposé tous les cinquante centimètres avait encerclé la place où nous étions.
La suite, ben ce fut le face à face des pros et des contre, les noms d’oiseaux habituels et les pancartes « Non au facho » le disputant au fameux livre avec des fautes (et pas que d’orthographe) tendu à bout de bras dans la file d’attente de la librairie (celle où je ne mets jamais les pieds, car celle où je vais est une vraie librairie.
Ce court instant publicitaire vous est offert par la maison
Pendant ce temps, Rosa-Maria grattait, imperturbable, ses tickets gagnants de banco, tranquillement assise sur un banc, dans son éternelle veste de tailleur écossais orange/marron/vert, celle qu’elle ne porte qu’en l’absence de Rita, sa soeur, partie rendre visite à ses enfants sur le continent. Rita a tout réussi dans sa vie, d’abord elle était belle et ensuite intelligente, ce qui fait qu’elle est devenue institutrice alors que Rosa-Maria, sans grâce, s’est contentée de faire dame pipi pour les petits de la maternelle. Alors quand Rita n’est pas là, Rosa-Maria en profite pour se négliger et dépense sa retraite en tickets gagnants, des fois que la fortune viendrait, comme ça, sur le bout du banc et que Rita, en rentrant, la trouverait riche et admirée de tous.
Alors pensez bien que le gars sorti d’un tuyau venu vendre son bouquin, Rosa-Maria, elle s’en fout.
Et puis soudain voilà qu’une minuscule voiture de sport s’est arrêtée au ras des plantons dument casqués et armés, et voilà que s’en extirpe un gars déguisé en baroudeur, barbu, portant à son bras un petit chien à mémère, pitoyable copie de Belmondo qui avait la prétention d’aller faire le kéké au bar du Consul en face. Pas de chance, mon gars, t’es descendu du mauvais côté et te voilà encerclé par les plantons comme nous autres. Il rechigne et finit par se tasser dans un coin, cigare au bec, coincé entre un réverbère et le kiosque à journaux, déçu que personne ne lui prête attention.
Circulez braves gens, le petit bonhomme est reparti, soit dans son tuyau, soit par avion, nul ne sait mais il n’y avait rien à voir en ce beau samedi automnal.
« Lorsqu’il s’en alla,
Dutilleul, en traversant les cloisons et les murs de la maison, eut l’impression d’un
frottement inaccoutumé aux hanches et aux épaules.
Toutefois, il ne crut pas devoir y prêter attention. Ce ne fut d’ailleurs qu’en
pénétrant dans le mur de clôture qu’il éprouva nettement la sensation d’une
résistance. Il lui semblait se mouvoir dans une matière encore fluide, mais qui
devenait pâteuse et prenait, à chacun de ses efforts, plus de consistance. Ayant
réussi à se loger tout entier dans l’épaisseur du mur, il s’aperçut qu’il n’avançait
plus … »
Le bon sens populaire est rarement déjoué.
Ne jamais dire jamais.
Faut-il supprimer le mot « jamais » de l’usage courant ou le réserver à des cas incontestables qui restent à définir ?
Je viens de prendre un peu d’élan juste pour confirmer la règle.
J’avais toujours dit « jamais je n’écrirai un livre ! », je me contente d’écrire au vent du blog pour les lecteurs qui veulent bien me suivre.
Certains m’ont demandé ma bibliographie, d’autres m’ont encouragé à dépasser le blog, cela fait des années que je résiste.
Les villageois découvraient mes récits, retrouvaient un voisin, une cousine, un oncle, une tante, un aïeul, parfois un bisaïeul, me rencontraient avec un large sourire.
– Je ne connaissais pas cette anecdote, j’ai bien ri, je ne savais que mon grand-père était ainsi.
D’autres :
– Ah oui ! C’est exactement ça, je l’ai connu très peu, puis mes parents m’en parlaient, mais…
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