Soleil sur cour

Ils sont arrivés dans ce fond de cour oubliée un soir de fin d’été, jeunes, chevelus et bouclés, avec leur sono pour compagnie qui trompettait tour à tour les larmes et l’allégresse.
Une cargaison de petites mains colorées tendues vers tous qu’ils ont disposées en rosace, comme autrefois on éclairait les cathédrales, contre le mur gris où tant de misère a dormi et cuvé son désespoir.
Ils sont repartis dans la pénombre le lendemain soir sans même dire leur nom, laissant la lumière qu’ils avaient posée, là, dans cette cour sombre que l’on s’efforçait d’ignorer.
Les enfants pourtant repus d’images, les vieux renfrognés, les travailleurs au pas pressés, les indifférents, tous se sont arrêtés un instant, étonnés et souriants.
Puis le vent et la pluie sont passés comme dans les jardins fleuris où les pétales fragiles tapissent la terre noire.